Message dans le vide

Publié le par Soleildebrousse



Une journée, sans un mot, évidemment ça fait beaucoup.
Je pense que je devrais parler des peintures, de celles qui me touchent plus que d’autres.
Et puis je songe que je devrais peut-être décrire où je me trouve comme toi tu as décrit où tu te trouvais.
La ville de S.
S où j’ai dû aller quand j’étais jeune fille (dix-sept ans à peine et un premier boulot de plongeuse à C.). S. et ses dégoulinades de potées aux balcons. Rouge citron. Les petits canaux sagement alignés. Comme en attente.
Je crois que je préfère Amsterdam. Amsterdam la verte. Amsterdam et ses huiles brillantes aplaties au bois des portes. Avec celle plus particulière d’Anne, la naufragée.
S., il m’en souvient comme d’une ville rouge. Joufflue, contente d’elle-même. Enfermée dans son labyrinthe.
Ici la ville est partagée. Ocre et acier. Buildings et terre rouge, encore ce rouge du fer enrobé au creux de la matière. Les longs rubans d’asphalte et les camionnettes brinquebalantes. Tout cela mélangé. Homme blanc et homme noir.
Tu vois par association d’idées (toujours), je me dis que j’écris ce qu’autour de moi, on ne peut comprendre. Je peins de l’intérieur. Quand j’essaie par mail d’exprimer quelque chose à ceux qui m’entourent. Une grande joie. Je me rends compte que rien ne passe. Qu’on se contente du reflet en surface. Aujourd’hui même alors que le silence se faisait un peu plus lourd, et donc pour moi, continuellement étouffant, j’envoyais trois photos à mes ami(e)s, trois photos fondamentales pour moi. J’y inscrivais cette remarque : « à vous de les sous-titrer, pour ma part ce sera « NO COMMENT ». »
On y voyait deux jeunes filles, tendrement enserrées sur un canapé, derrière le reflet d’une vitre fumée, bras dessus, bras dessous, le regard parallèle, plongé dans un écran de télé. C’était pour moi, le retour de l’enfant prodigue. Une des deux avait déserté mon giron, continument en mal d’amour, éternellement à vouloir combler ses vides au creux des hanches.
J’ai eu au moment où j’écris ces lignes, quatre réponses sur les huit messages envoyés. Un seul de mes destinataires tenait compte du signal silencieux, les autres s'égaraient.
Voilà pourquoi je scribouille de nouveau dans le trou sidéral de ce net.

PS : les enfants me demandent toujours pour quelle raison je peux mettre une initiale - au lieu du nom exact - à la ville que je cite.
Je réponds : l’effet de réalité. Absurde !
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H
<br /> Je n'y crois pas..je l'espère simplement. sinon le verbe comprendre devient un non-sens...<br /> <br /> <br />
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S
<br /> m'ci.<br /> <br /> <br />
B
<br /> très touchée par ton texte en soleil-couchant-soleil-levant... J'aime aussi les initiales..ou le "quelque part"<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Et moi donc, que tu prennes le temps de me le dire ! :)<br /> <br /> <br />
H
<br /> Il est parfois dur d'etre compris dans ses silences....<br /> Des mots pour des maux....<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Crois-tu vraiment chérie (!!) qu'un seul être puisse être capable d'en comprendre un autre ?<br /> j'ai renoncé depuis longtemps !<br /> <br /> <br />
H
<br /> délié, pas de plein sans vide.<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Merci Hervé. J'aime ta présence discrète aux côtés des trucs qui me passent par la tête.<br /> <br /> <br />
D
<br /> Toujours rassuré, moi le vieux frappadingue, de rencontrer quelqu'un de ma tribue, sans besoin d'en renifler ses codes, juste en lisant ses mots dits... Toujours heureux, moi, de ne pas me sentir<br /> seul dans un monde à part!:) Gently yours, DSMoon***<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Merci. J'aime bien qu'on me classe dans cette catégorie ! carrément oui :: !<br /> <br /> <br />